Running with the devil

Résumé :
Que reste-t-il du rêve américain ? Mathieu Gazeau, aka Mat Gaz, n’a pas la prétention de répondre à la question mais il livre tout de même de sérieux indices avec « Running with the devil », second ouvrage du batteur charentais aux multiples collaborations (Mars Red Sky, Epiq, Ündes, Headcases). Exhumé de la malle aux souvenirs du musicien, le récit en forme de carnets de route nous embarque sur les chemins de traverse d’une Amérique pré-trumpienne. Le temps d’une tournée rocambolesque, Mat Gaz se mue en observateur privilégié et singulier, calé derrière les fûts de son instrument pour donner la réplique à John Wesley Myers, le prédicateur blues texan qui prend le nom de Reverend James Leg dès que ses doigts frappent le clavier de son Fender Rhodes. D’Atlanta à Cincinnati, d’Austin à Los Angeles, Mat Gaz a matière à jauger la propension des Etats-Unis à se tirer une balle dans le pied, au propre comme au figuré. Mais sans jamais se départir d’un regard attendri pour le pays qui a abrité l’émergence d’une contre-culture nourricière. Reverend James Leg en est l’archétype : respecté en Europe, condamné à la débrouille survivaliste sur ses propres terres, John Wesley Myers, fils d’un pasteur qui honnit la musique du diable, jongle en permanence avec ses démons pour tenter de s’en sortir et trouver la rédemption au fil d’une tournée en church van qui oscille entre moments de galère pittoresques et instants de grâce scéniques. Entre le musicien charentais à l’accent exotique et le bluesman texan torturé, une relation unique s’est nouée. Intense. Sincère. Franche. Gravée à jamais dans le marbre. Mais toujours sur le fil du rasoir : il ne peut pas en être autrement quand on court avec le diable !
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