L'Homo-logue

Résumé :
Jean-Pierre est un cadre supérieur, un dominant selon la sélection naturelle. Un mâle alpha qui se considérait comme un chef-d’œuvre de l’évolution de l’Homo sapiens et qui pourtant, depuis deux mois, vomit avant d’aller travailler. Dans son entreprise, son directeur organise la désintégration de son espace socioprofessionnel ; une véritable castration symbolique. Jean-Pierre n’est plus l’Homologue, l’Homo sapiens de même valeur. Sa vie privée aussi se dégrade. Alors le dominant expérimente le doute et l’introspection. C’est lui l’auteur de ce récit, lui qui se présente comme un exoscientifique, lui en plein trouble dissociatif de l’identité qui se dédouble dans ces pages, se trahissant parfois d’un « je » incongru. En arrêt de travail pour dépression, Jean-Pierre contemple sa propre déchéance, d’autant plus que Jeanne, sa partenaire sexuelle, décide de le quitter : de l’amour à la nausée. Comme l’humanité inconsciente, Jean-Pierre s’approche inéluctablement de l’horizon des événements, limite dangereuse à partir de laquelle tout sombre et disparaît, y compris la lumière. Et puis subitement, Jean-Pierre, électron libre à charge trop négative, se révolte et inverse les rôles entre bourreau et supplicié. Il se rend sur son lieu de travail et, sans tenir compte des suppliques des dominants soudainement proies du chasseur, possédé totalement par son inexorable démence, il actionne par deux fois la gâchette. Il va fuir la scène de crime et évoquer, de retour chez lui, son probable suicide et déclarer son amour pour sa langue natale. Puis, dans un ultime sursaut de lucidité, Jean-Pierre augure du trépas qui attend pareillement à lui, sa langue maternelle, celle avec laquelle il s’est exprimé tout au long de ce récit. Lui et sa langue adorée, sous le dais funéraire des espèces disparues, englouties par la marche du Temps. Du haut de sa cruelle clairvoyance, la mise en abyme du Monde prétentieux, dans ses deux simples yeux bleus.
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