Résumé :
À l'ère de la globalisation des révoltes, l'émeute paraît en être la forme par excellence, de Pointe-à-Pitre, Alger et São Paulo, à Clichy-sous-Bois, Athènes,
Résumé : À l'ère de la globalisation des révoltes, l'émeute paraît en être la forme par excellence, de Pointe-à-Pitre, Alger et São Paulo, à Clichy-sous-Bois, Athènes, Tottenham et Liverpool, Hambourg, Ferguson et Minneapolis, en passant par le « Printemps arabe », l'insurrection à Hong Kong et le mouvement des Gilets jaunes ; et même en Chine, dans le Xinjiang, Wukan, ou encore Yugao. Souvent spectaculaires et hypermédiatisées, ces violences collectives dites « urbaines » se muent en spectacle dans la société du même nom, vidées de leurs significations politiques. Alors bien sûr, il y a émeutes et émeutes – frumentaires, ouvrières, xénophobes et racistes, raciales, carcérales, interethniques, urbaines, publiques, etc. Et l'inflation récente de cette notion a tendance à l'associer à toute révolte faisant usage de la violence, comme en Nouvelle-Calédonie ou au Royaume-Uni en 2024. Or l'émeute, « soulèvement populaire spontané », désigne une forme de protestation collective bien définie. Il en existe plusieurs généalogies dont Michel Kokoreff trace les grandes lignes. L'émeute a donc une histoire avec ses logiques, ses règles, ses acteurs, ses imaginaires, ses spectres aussi. Elle n'est pas qu'un « reflet » de transformations sociales et économiques plus générales. Quelles sont, en évitant les anachronismes et les risques de redondance, les similitudes et les différences, les interruptions et continuités, les impasses et avancées ? Voilà une des questions qui traverse ce livre. Car l'essentiel est la mise en perspective des émeutes contemporaines, et plus encore, de ce qu'il faut bien appeler les émeutes de la mort, en France. C'est à peine s'il en reste des traces, vite effacées, oubliées. Conjurer l'oubli, le défaire, est impératif pour saisir les différentes causes des émeutes et entendre la parole des acteurs de l'ombre faisant irruption sur le devant de la scène – sans rien régler, l'émeute étant, précisément, ce reste : de l'inconciliable.