Résumé :
Au début du xxe siècle, quand paraissent les premiers ouvrages d’anthropologie de Lucien Lévy-Bruhl, la perception occidentale des sociétés dites « primitives »
Résumé : Au début du xxe siècle, quand paraissent les premiers ouvrages d’anthropologie de Lucien Lévy-Bruhl, la perception occidentale des sociétés dites « primitives » est encore très largement dépendante des récits d’explorateurs européens. La colonisation, en même temps qu’elle impose à des sociétés jugées inférieures une domination politique et idéologique, fait émerger un attrait nouveau pour la connaissance de communautés que les Occidentaux se représentent comme une altérité radicale. Les faits observés par des Européens dans ces sociétés d’Amérique, d’Afrique ou d’Asie-Pacifique, Lucien Lévy-Bruhl propose de les comprendre par un principe qui les éclaire sans en réduire l’étrangeté : la « mentalité primitive ». Là où la raison scientifique distingue les éléments pour établir entre eux une causalité mécanique, la mentalité primitive considère les choses naturelles comme des causes secondes par rapport à l’intervention d’une causalité première qui est celle des puissances invisibles, ancêtres ou sorciers. En cela, l’œuvre de Lucien Lévy-Bruhl sur les « primitifs » ne décrit nullement un mode de pensée qui appartient au passé de l’humanité, et dont les « civilisés » se seraient progressivement éloignés, mais bien un « Nouveau Monde » que les habitudes de pensée de notre « Ancien Monde » ont rendu sinon inaccessible, du moins difficile d’accès. Au croisement de la philosophie et de l’anthropologie, les trois ouvrages ici rassemblés – La mentalité primitive, L’âme primitive, La mythologie primitive – permettent de saisir toute la complexité et l’évolution de cette œuvre pionnière des sciences humaines.
Lucien Lévy-Bruhl(1857-1939) compte parmi les fondateurs de l’anthropologie française. Il fut professeur de philosophie à la Sorbonne et fonda, avec Marcel Mauss, l’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris.
Textes présentés par Frédéric Keck, directeur de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale, auteur de nombreuses études sur Lucien Lévy-Bruhl et l’histoire de l’anthropologie française.