Résumé :
De 1933, date de l’ouverture du premier camp de concentration nazi, jusqu’en 1945, année de la libération des derniers Lager, il existerait environ 40 000 productions
Résumé : De 1933, date de l’ouverture du premier camp de concentration nazi, jusqu’en 1945, année de la libération des derniers Lager, il existerait environ 40 000 productions artistiques concentrationnaires, créées durant l’enfermement. Durant le conflit et à travers toute l’Europe, un certain nombre de dessins ont échappé à l’œil des bourreaux et ont été sauvés par leurs auteurs et leurs camarades. Ces productions se concentrent sur l’objet principal – le seul en fin de compte – qui leur est présenté : le corps. Affamé, battu, épuisé, malade, tatoué, parfois disséqué, le corps concentrationnaire s'oppose à la représentation aryenne et fasciste de l'art héroïque, et de manière générale, contredit la représentation idéale d'un corps sain et harmonieux dans les beaux-arts. Outre les conditions de détention, les obstacles sont nombreux lorsqu’il s’agit de dessiner et de créer : pas de matériel décent, souvent volé, aucun temps libre, aucun espace approprié, et bien sûr le poids permanent de la censure, de l’interdit, de la torture et de la mort si le projet vient à être découvert. Cette étude comparatiste présente : l'infirmière française Violette Rougier Lecoq, déportée à Ravensbrück, le résistant communiste Boris Taslitzky, déporté au camp de Buchenwald, et le recueil K.Z. du poète italien Arturo Benvenuti, lequel collecte des dessins de femmes et d’hommes de toute l’Europe. Si la création constitue une forme de résistance face au contrôle total du corps et de l’esprit, elle est aussi une preuve directe ce qui se produit dans le Lager, et une possibilité d’expression pour le moi. L’objectif de cette recherche est de présenter et d’interpréter les différentes représentations du corps et son inscription dans une démarche esthétique, au delà de ses fonctions résistantes, testimoniales et résilientes. Si l’on a souvent associé l’acte de création à celui de résistance ou de témoignage, il est nécessaire par respect des artistes, de dépasser cette classification.