Résumé :
« Que s’est-il passé en Russie hier ? » se demandait Kojève en 1941 dans un livre longtemps enfoui qui vient d’être exhumé sous le titre de Sophia. « Que se passera-t-il en
Résumé : « Que s’est-il passé en Russie hier ? » se demandait Kojève en 1941 dans un livre longtemps enfoui qui vient d’être exhumé sous le titre de Sophia. « Que se passera-t-il en Russie demain ? » s’interrogeait en 1877 le père de la philosophie russe, Vladimir Soloviev, dans les Principes philosophiques de la connaissance intégrale, soucieux alors de découvrir la « parole » que la Russie devait lancer à la face du monde pour le transfigurer. Entre eux, il y eut la révolution et le tournant d’un siècle. Et, si Soloviev fondait un système philosophique prérévolutionnaire où il se faisait, selon le mot de ses admirateurs, la « conscience de la Russie », il appartenait à Kojève à la fois d’hériter de cette Russie et de la renverser au nom du soviétisme, jusqu’à s’affirmer lui-même comme la « conscience de Staline », c’est-à-dire la « conscience de l’URSS ». C’est cette lutte entre la philosophie religieuse russe fondée par Soloviev et la philosophie athée soviétique construite par Kojève qui est analysée ici. Dans cet essai on découvrira un Kojève réinscrit dans la culture de son pays, mais aussi une pensée importante et, pourtant, méconnue : la philosophie russe, au rôle déterminant dans les destinées d’une nation en pleine ébullition et expérimentation tant artistiques, politiques que philosophiques.