Résumé : La « politique des chemins courts ». C’est par ces mots que journalistes et personnel politique désignent en 1978 la nature de leurs échanges dans la Capitale allemande. Le tour de force de l’association des journalistes (la Bundespressekonferenz) en 1949 est d’avoir su construire un monopole corporatiste de gestion des relations presse-politique en contrepoint de l’appareil d’Etat du porte-parolat gouvernemental. L’institutionnalisation de ce monopole est un effet de la structure du champ de la politique fédérale, de son histoire incorporée et instituée ainsi que de ses évolutions depuis la sortie de la Première Guerre Mondiale jusqu’à la République actuelle en passant par le Ministère de la Propagande de Goebbels. L’enjeu de consolidation du régime (qu’il soit démocratique ou autoritaire) est central pour la structuration de cet « espace public », pour défendre ce régime face aux menaces réelles ou fantasmées. Il en résulte une forme particulière de curialisation des acteurs de la démocratie parlementaire allemande et une conception assez dirigiste du gouvernement des opinions. La proposition de cet ouvrage est d’inscrire la mise en visibilité médiatique du politique dans une sociologie compréhensive du travail journalistique et une sociologie politique du pouvoir fédéral allemand, observée dans le temps long de son institutionnalisation depuis 1918. Nicolas Hubé est professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine et membre du CREM (Centre de Recherche sur les Médiations) où il co-dirige l’équipe Praximedia (Journalisme, espace public, représentations). Ses travaux portent actuellement sur les politiques de communication de l’Union européenne, la sociologie comparée du journalisme en Europe ainsi que le phénomène populiste en Europe. Moins