64 pages ; 21,00 x 15,00 cm ; broché
Résumé : Cet essai constitué de 9 textes rassemblés par Thomas Kling en 1997 est à la fois un itinéraire à travers les âges et les formes du poème et un itinéraire personnel à travers la propre poétique de Kling. Héritier de l’avant-garde poétique du groupe de Vienne et des performances de Konrad Bayer ou Oswald Wiener, des expérimentations de Reinhard Priessnitz dans les années 1970 ou des mouvements punks de Düsseldorf, dans les années 1980, Kling remonte dans cet Itinéraire un chemin poétique qui serpente entre l’ethnologie, l’étymologie et l’histoire, allant de Hermès Trismégiste au slam contemporain. Kling thématise le lien entre ces mouvements d’avant-garde et un retour aux traditions orales qui précèdent l’écriture. Il n’est pas qu’un enfant des écoles expérimentales, et rejette d’ailleurs le terme de « poésie expérimentale » : il est l’historien du poème, de Horace à Goethe, de Rabelais à Mallarmé, de la langue aléatoire de Khlebnikov à Fluxus en passant par le dadaïsme. Kling puise aux sources de l’oralité poétique, de l’argot, des dialectes, de l’intégration de matériaux non littéraires et met au jour une conception cosmopolite du langage. Le poème pour Kling est polyglotte, ouvert à l’altération, la déformation, la saturation, le collage. Le slang, le rotwelsch et autres argots, les langues populaires sont pour lui des réservoirs, des « matières linguistiques fécondes », des moyens de transgression, à l’inverse d’une langue qui serait close et isolée. Remonter les sources, « prolonger les lignes de tradition poétique », établir une archéologie du langage, telle est la matrice klingienne. Ouvrir le corps de la langue, la soumettre à l’étude, la décomposer pour la reconstruire : la poésie de Kling est un monstre de Frankenstein, une chose hybride et bouleversante qui questionne les origines pour révéler les composantes chimiques du temps présent.
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